jeudi 24 septembre 2015

Bilan

Ça y est, je suis rentrée, j'ai eu le temps d'atterrir, de me poser et de me reposer, de réparer mon vélo,... bref retour à une vie "normale".

Je ne suis partie que deux mois mais j'ai eu l'impression d'être partie plus longtemps! Ces deux mois riches en expériences et en émotions m'ont finalement beaucoup apporté. C'est difficile de quantifier ou d'expliquer le bénéfice retiré car il ne s'évalue pas de manière concrète. Il est beaucoup plus facile de savoir ce que ça m'a coûté financièrement!!

Dans l'ensemble pourtant j'en retire un bilan excessivement positif sur de nombreux plans, je vais tenter de vous donner un aperçu de mon ressenti de retour. Comme je vous le disais au départ, ce tour représentait un défi sportif, social, touristique, économique, écologique, et je l'espérais une source d'inspiration!


Défi sportif



Je pense avoir relevé le défi... malgré les moments de doutes, j'ai tenu la distance. Je ne suis pas pour autant devenue une sportive dans l'âme, à mon sens parce que je ne vis pas pour le sport, que je n'éprouve pas de plaisir particulier dans l'effort, et que ce n'est pas ce qui me motive. Néanmoins, je vois que j'ai été capable de produire un effort physique régulier sur une assez longue période. Je ne pourrai sûrement pas rivaliser avec certains pour qui la performance est compte plus que le reste, néanmoins j'ai constaté, notamment sur la dernière étape, que j'avais énormément progressé, à pouvoir rivaliser avec les cyclistes occasionnels. 


Je comprends qu'on puisse se réaliser par le sport mais je pense que même après cela ça ne sera pas mon cas... J'aime l'effort s'il est ludique, qu'il me permet de voir ou rencontrer des gens, ou qu'il m'apporte autre chose que le "plaisir" de l'effort physique! Par contre, je dois reconnaître que le fait d'être meilleure cycliste me donne plus de plaisir pour rouler qu'auparavant car les côtes sembles moins hautes, et les distances moins longues!!




Défi social



Certainement mon objectif principal. 
Prendre du temps avec et pour les gens. 
J'ai pris conscience, plus que je ne l'avais déjà, de la valeur humaine et l'importance des amis, de la famille, du réseau,... Les gens sont source d'inspiration, de soutien, remise en question,... une ressource dont on oublie souvent la valeur tant elle est difficile à quantifier. Pour autant, j'ai pu "m'offrir" ce tour parce que j'ai pu compter sur la solidarité, la générosité et l'altruisme des individus. J'étais hébergée, nourrie, informée, encouragée... si c'était pas grand chose pour eux ça l'a été pour moi! Une grosse économie financière et à chaque fois un échange intéressant, d'idées, d'expériences, sur la vision de la vie, les choix personnels, les initiatives.... toutes sortes de discussions qui m'ont apporté une ouverture d'esprit, des pistes de réflexions, et aussi parfois des contact avec d'autres personnes. Tout ça m'a fait beaucoup avancer. C'était assez intéressant de sortir de sa zone de confort, d'aller aussi vers des gens qui pensent différemment, d'un autre environnement, d'une autre génération,... 

D'avoir vu autant de monde en si peu de temps fut quand même assez éprouvant par moment, mais je ne regrette pas l'investissement parce que ces échanges sont une incroyable richesse. Je suis maintenant persuadée qu'il vaut mieux miser sur les gens que sur l'argent! J'ai moins d'argent sur mon compte mais je me sens enrichie! Pour illustrer, j'ai réalisé que quand j'ai quitté mon boulot et mon appartement à Paris j'étais stressée de me dire que je ne savais pas comment j'allais subvenir à mes besoins sans apport financier... aujourd'hui j'ai pas solutionné cet aspect, mais je sais que quoi qu'il m'arrive je ne suis pas seule, il y a du monde autour de moi vers qui je pourrai me tourner. Dans l'absolu. ça me donne confiance pour avancer.


Evidemment, à cela s'ajoute l'immense plaisir que j'ai eu de pouvoir revoir les amis que je n'ai pas l'occasion de voir si souvent et surtout de passer un moment privilégié avec eux.




Défi touristique



J'ai plus découvert la France en deux mois que pendant tout le reste de ma vie! ;) Je suis contente de pouvoir situer les villes et les départements sur une carte, de visualiser quand on parle de telle ou telle région (et pourtant j'en ai zappé!),... J'ai pris conscience de la richesse du pays, au niveau culturel, gastronomique,  historique, des paysages très variés, du patrimoine,... avec un réseau routier bien développé partout et pas mal de pistes cyclables! J'ai souvent été frustrée de ne pas pouvoir rester plus longtemps à des endroits pour les approfondir ou de pester d'avoir mon vélo avec moi, m'empêchant certaines visites ou fêtes, mais dans l'ensemble j'ai trouvé que le vélo était un moyen idéal pour voir du pays, entre la balade à pied et la voiture.


J'ai vu beaucoup, mais finalement presque trop pour pouvoir emmagasiner autant de souvenirs. A la fin j'arrivais moins à apprécier les choses. Comme une overdose de tourisme! Mais au moins, je saurai où revenir pour faire marcher l'économie locale... si un jour on ne peux plus sortir du pays (sait-on jamais!)... on ne risque pas de s'ennuyer! ^^





Défi économique



Je n'avais droit à aucune aide et je n'ai pas non plus pris le temps de chercher des sponsors ou autre qui auraient pu me permettre de diminuer mon coût de reviens. J'avais donc tout intérêt à relever ce défi si je ne voulais pas me retrouver à cours d'économies en rentrant! Finalement, ça ne m'aura pas coûté trop cher si on voit deux mois d'autonomie. Finalement 2000 euros dont la moitié d'équipement réutilisable, à voir comme un investissement, je ne suis pas mécontente!


Cela dit, j'avais aussi décidé de profiter des occasions...Carpe diem! On a qu'une vie et probablement un seul tour de France à vélo, alors, n'ayant pas vu certains depuis longtemps je n'avais pas envie que l'argent m'empêche de profiter avec eux. Donc, c'est vrai que j'aurais pu économiser plus, mais je ne regrette pas. 



Défi écologique



Par mon mode de transport, mon mode de vie, j'ai essayé pendant mon tour de garder en tête l'impact environnemental, d'essayer de manger local au possible, de ne rien laisser derrière moi dans la nature, d'éviter de gaspiller l'eau, de réutiliser les sacs plastiques (ma spécialité!), de respecter la faune et la flore... j'ai été moins bonne sur le tri des déchets (pas forcément possible), sur ma consommation d'énergie (recharge de téléphone et d'ordinateur oblige).  J'ai d'ailleurs trouvé qu'être dans la nature et observer la beauté des paysage était comme une piqûre de rappel quotidienne! 


Cet été, partout où je suis allée j'ai entendu parler de la météo particulièrement inhabituelle voire déréglée à l'extrême... de la canicule au sud, aux pluies incessantes au nord... De plus, sur mon itinéraire j'ai pu converser avec des gens du coin qui ont mis en lumière les effets climatiques à leur niveau : souffrance des vignobles, augmentation des incendies de végétation, inondations plus extrêmes... bref, autant de signes préoccupants qui m'ont interpellée et m'ont confortée dans l'importance de préserver notre environnement, notre pays, notre planète!





Défi organisationnel



J'avais sous-estimé l'organisation d'un tel périple sur une telle période. Organiser l'hébergement quotidien, les repas, l'itinéraire, le planning, la logistique (entretien vélo, lessives, gestion des stocks des consommables...) en gardant assez de temps pour écrire mon blog et pouvoir passer du temps avec les gens après une journée de vélo. Ce fut assez contraignant finalement. Cela dit j'assume mes choix, j'aurais pu faire différemment, plus "à l'arrache" en bivouac, plus light en apportant moins d'affaires, moins geek en oubliant mon ordinateur et mon GPS,... Il y a surement autant de manières de faire un périple à vélo que de gens à le faire... chacun trouve la manière qui lui convient en fonction ses paramètres.  C'est vrai que je n'aurais sûrement pas transposé ce tour tel quel à l'étranger, sur une plus longue période ou sur une autre saison. Le fait aussi d'avoir été dans un environnement connu, je n'ai jamais eu à faire face à des situations compliquées ou inextricables voir dangereuses comme ça a pu m'arriver en voyageant seule à l'étranger.


Au final, je suis plutôt contente de mon organisation et de ma débrouillardise. En même temps, j'étais la seule décisionnaire et la seule concernée alors forcément j'ai fait à ma façon.... mais je pense que si c'était à refaire je ne changerai pas grand chose... à un ou deux vêtements près et surtout à l'achat de la tente avant le départ. 





Source d'inspiration



Avant de partir, j'étais un peu perdue dans ma vie, avec une tonne de questions existentielles... Je dois avouer qu'aujourd'hui je ne suis pas concrètement plus avancée, pour autant j'ai vraiment beaucoup cheminé dans ma tête pendant ces longues heures, seule sur mon destrier. J'ai beaucoup plus de certitudes, et j'ai pris beaucoup de recul sur moi-même et sur ma vie. 

Si je devais définir 2 notions que ce tour m'a apporté je dirais :


  • Apprécier  ce que j'ai


De sentir le chargement derrière moi, surtout dans les montées m'a conforté dans l'envie de ne pas m'alourdir inutilement et de ne pas rajouter du superflu... J'étais au gramme près! Ça m'a aidé à faire le tri de ce qui était essentiel, de poser les priorités. Au début, j'étais un peu frustrée, mais petit à petit je me suis habituée à passer dans les endroits touristiques, les magasins de souvenirs, les marchés... sans avoir envie d'acheter quoi que ce soit, juste pour regarder. A la fin je me demandais même pourquoi j'aurais acheté tel ou tel chose. J'ai réalisé que j'avais tendance à acheter beaucoup de choses dont je n'avais pas forcément besoin ou que j'appréciais ou n'utilisais qu'au début et dont ensuite oubliais l'existence... On se crée des besoins qui n'en sont pas vraiment....

Sur mon vélo j'étais forcément plus dans des considérations immatérielles... et ça fait du bien de temps en temps de sentir qu'on peut se passer  et se détacher des choses, du matériel... J'ai trouvé que j'appréciais vraiment plus ce que j'avais. Un toit, un repas, un lit, un sentiment de sécurité, des amis... Il m'est arriver de ne rien trouver à manger et à me retrouver affamée, assise sur une dalle de béton, au bord d'une route bruyante et passante à n'avoir que quelques barres de céréales à manger..  j'étais tellement heureuse de pouvoir juste manger! Et c'est impressionnant, quand je suis arrivée au point ou trouver de l'eau potable est une source de bonheur immense j'ai réalisé que ça tenait à peu de choses et que plus on a plus on veut (moi la première) mais on ne savoure pas vraiment ce que l'on a. Je ne réalise plus quand je suis chez moi que j'ai de la chance d'avoir de l'eau potable en illimité et pourtant c'est énorme! Au final, détachée du matériel et des contraintes extérieures je me suis sentie libre, d'autant que je m'étais assez coupée des influences néfastes notamment des médias et de la publicité.

Quelle sensation de se dire qu'on fait ce qu'on veut, quand on le veut, de penser librement, de se déplacer librement, d'être seul maître de sa vie! Finalement, mis à part la nourriture et le sommeil je n'avais pas besoin de plus... Je sais bien que je retournerai à une vie plus matérialiste en rentrant mais je pense que ça m'a ouvert les yeux et j'espère que je pourrais garder un peu de ça, apprécier pleinement ce que j'ai avant de vouloir autre chose.



  • Avoir confiance... 


En revenant j'étais assez étonnée de ressentir une paix intérieure comme si j'étais revenue d'une cure de méditation ou de relaxation... mon esprit était calme et apaisé. Pourtant je n'ai pas de boulot, pas de chez moi, pas de voiture, plus trop d'argent de côté mais je suis sereine... J'ai pris conscience de ma richesse non financière et de mes capacités physiques et mentales. J'ai pris confiance en mes capacités, je me connais mieux, je sais que je suis capable de beaucoup et que mon corps aussi... Il m'est arrivée dans mon périple de me dire que j'en pouvais plus et de m'arrêter sur le bord de la route, mais une fois à l'arrêt mes choix étaient assez limités, alors je remontais en selle et je continuais...

En soi ce tour m'a fait comprendre que bien souvent on sous-estime ses propres ressources. Beaucoup doutaient de mes capacités à faire ce tour (et moi la première) mais je l'ai fait. Et je sais que si j'avais dû, j'aurais pu faire encore plus. De voir ce dont je suis capable m'a apporté plus de confiance en moi et par extension en la vie... il y aura toujours des opportunités, et je sais maintenant que je saurais en tirer profit. Il y aura aussi des moments moins facile mais je sais que je suis capable de surmonter les épreuves. Alors, quand ou comment, je n'en sais rien mais j'ai confiance en l'avenir! On peut faire beaucoup si on s'en donne les moyens (et je ne parle pas l'argent ou de matériel!!)




Pour conclure je dirais que c'est une expérience intense qui fut douloureuse par moment mais les pires moments ont été oubliés derrière mon ressenti final! Si vous avez envie de faire quelque chose qui sorte de l'ordinaire qui soit un challenge... faites-le!!! N'hésitez pas... vous en êtes capables si vous avez la motivation, et ce que vous gagnerez est inestimable!


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire